CGT Fonction publique, préavis de grève en mai " au regard des graves carences en matière de mesures sécurisantes "
Une position qui - cela ne nous étonne pas - indigne notamment dans d'autres articles, le Figaro
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SOURCE Le Figaro
Le syndicat s'inquiète notamment des conditions dans lesquelles s'organise le déconfinement. Son préavis court sur l'ensemble du mois.
Par Wladimir Garcin-Berson
Publié le 23 avril 2020
Et de trois. Après un premier préavis déposé pour le mois de mars contre la réforme des retraites et un second, pour avril, contre la loi d'urgence sanitaire et «ses mesures anti-sociales», la fédération CGT des services publics a déposé un troisième préavis de grève pour l'ensemble du mois de mai. Très large, celui-ci couvre «l'ensemble des agents de la Fonction publique territoriale et les salariés relevant de la partie privée de notre champ fédéral (entreprises de l'eau et de l'assainissement, thanatologie, secteur privé du logement social)», soit, peu ou prou, 85.000 agents.
Dans un courrier adressé à trois ministres - Gérald Darmanin, Muriel Pénicaud et Olivier Dussopt -, l'organisation se justifie en expliquant que son préavis s'imposait, «au regard des graves carences en matière de mesures sécurisantes» pour les agents en première ligne. Elle s'inquiète d'abord des conditions dans lesquelles se présente le déconfinement. La date du 11 mai a été annoncée alors que «les masques manquent toujours, que les mesures barrières seraient difficilement applicables et qu'aucune mesure de dépistage cohérente n'a été prise pour avoir une politique préventive vis-à-vis de la propagation du virus», s'insurge le syndicat.
La fédération rappelle également son opposition véhémente aux ordonnances prises durant la crise, et plus particulièrement à celle «portant mesures d'urgence en matière de congés et de durée du travail» : «alors que la période que nous vivons actuellement est source de fatigue, de tensions, de stress, d'angoisse pour des millions de salariés, le gouvernement ne trouve rien de mieux à faire que de s'attaquer à nos congés», déplore-t-elle, condamnant un «vol pur et simple» de la part des autorités.
Objectif : faire pression sur l'exécutif
La CGT s'emporte contre des décisions qui s'apparentent, selon elle, à des «injonctions à satisfaire le Medef» et «cassent [les] droits» du personnel de la fonction publique. Son préavis de grève doit permettre «d'obtenir des réponses», afin que la reprise prévue le 11 mai prochain s'effectue «dans des conditions de sécurité sanitaire satisfaisantes» pour les salariés. Elle réclame notamment un arrêt immédiat des «services non essentiels à la continuité de la nation», des «moyens de protection» pour les agents mobilisés, ainsi qu'un «dépistage systématique et massif des personnels avant toute reprise d'activité».
«On veut s'assurer qu'il y aura toutes les mesures nécessaires pour tous les salariés amenés à reprendre le travail en présence physique, dont des masques, le respect de la distanciation sociale et des tests massifs, pas seulement pour les personnes présentant des symptômes», explique au Figaro la secrétaire générale de la Fédération CGT des Services publics, Natacha Pommet. Son préavis, qui n'est pas un appel à la grève, vise avant tout à «mettre la pression sur le gouvernement», ainsi qu'à rappeler que les organisations syndicales «sont là pour protéger les salariés», qui pourront exercer leur droit de grève s'ils l'estiment nécessaire.
Pour la représentante, le syndicat porte ici des «questions que se posent énormément de salariés et d'élus locaux». Son organisation regrette le manque d'informations pour protéger les agents, et réclame aussi un «recensement des fonctionnaires contaminés, malades ou décédés». La volonté du gouvernement de reprendre le travail rapidement montre bien «le peu d'intérêt du gouvernement pour les agents de la fonction publique», déplore-t-elle.
Derrière la volonté affichée «d'union nationale» durant la crise, les relations entre l'exécutif et les partenaires sociaux se sont progressivement tendues. Pour le premier mai, l'intersyndicale CGT-FSU-Solidaires, soutenue par les organisations de jeunesse UNL-FIDL-MNL-UNEF a appelé à manifester «en envahissant les réseaux sociaux» de pancartes et banderoles, afin de donner à cette journée emblématique une «véritable force collective» : «nous ne paierons pas la crise générée par des choix politiques d'un système capitaliste mortifère», préviennent les organisations.
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Et L'opinion ultra libérale s'y colle plus radicalement
Le modèle économique rêvé de la CGT
Olivier Auguste Olivier Auguste 22 avril 2020
Plus de dix millions de Français sont désormais au chômage partiel. Autant de licenciements pour le moment évités, de « compétences gardées par les entreprises pour repartir demain », se félicite Muriel Pénicaud. Pour la ministre, il est crucial de s’organiser afin de relancer la machine économique. Pas pour la CGT, qui ne cesse de réclamer « la fermeture des activités ne contribuant pas aux besoins vitaux ».
La reprise pour 3 000 salariés de Toyota, en commençant par les volontaires et avec la promesse de « strictes mesures sanitaires », est « un scandale », dit le syndicat. Philippe Martinez ne voit « pas l’utilité » de produire « des bateaux, des avions, des voitures en ce moment », ni même de construire des logements ; il tolère que la santé ou l’agroalimentaire tournent, mais pas « la fabrication de confiture » – oui, le secrétaire général entend composer votre petit-déjeuner. A défaut d’obtenir d’Emmanuel Macron ou de la justice une liste des entreprises « essentielles » (inextricable, a tranché le Conseil d’Etat), la CGT multiplie les appels à la grève.
Curieux acharnement d’un syndicat à démontrer l’inutilité de ceux-là même qu’il représente, rejoignant les théories vaseuses sur les « bullshit jobs »... Mais surtout, ce monde idéal qui lui semble enfin à portée de main – être rémunéré à ne pas travailler – souffre d’un léger défaut de conception. Qui va payer ? Dix millions de personnes en activité partielle s’ajoutent déjà à 3,5 millions de chômeurs indemnisés, 17 millions de retraités, 5 millions de fonctionnaires (et quelques dizaines de milliers de permanents syndicaux) : la logique cégétiste touchera sans doute à sa fin quand le dernier actif du privé ayant sauvé son emploi subviendra aux besoins de tous les autres… Parfois, une question démange : la CGT est-elle « essentielle » à l’économie française ?